Art-thérapie-Vevey

«Ma mère me manque. Je cueille des fleurs d’équinoxe à pleine brassées.»

Teijo Nakamura

HAÏKU THÉRAPIE

Depuis plusieurs années je voyage au Japon et j’écris des haïku en français et en Japonais. J’ai un lien particulier avec le Japon et la culture japonaise, ainsi c’est tout naturellement que la pratique quotidienne du haïku s’est installée dans ma vie. Puis j’ai commencé à animer des ateliers haïku en présentiel et en ligne. Au fil de ces expériences j’ai pu constater et expérimenter la capacité contenante du haïku et avec quelle facilité il nous ancre dans notre environnement, dans l’ici et maintenant. Ainsi j’ai commencé à l’utiliser dans ma pratique art-thérapeutique et je continue mes recherches sur ses possibilités thérapeutiques.

La simplicité et la clarté du haïku font de cette forme poétique un outil intéressant pour aller vers l’essentiel, pour condenser une émotion, un vécu, une idée. Le haïku part de l’expérience d’un vécu et rend donc celle-ci unique et éclairante. Le haïku donne la parole aux détails, aux choses simples de notre vie et de nous même qui passent souvent inaperçues, ainsi il permet de les réhabiliter, de les éclairer et de les accepter. De par ses contraintes techniques (mot de saison, nombre de syllabes 5-7-5…) il stimule la créativité et pousse à sortir des schémas habituels tout en restant ancré dans le réel, dans la saisonnalité et le moment présent. La place privilégiée qu’occupe la nature dans la pratique du haïku nous aide à garder le contact avec elle ; son observation et le fait d’être en lien avec les saisons est une grande ressource dans notre vie moderne.

Enfin, le rythme du haïku en 5-7-5 syllabes est inhabituel pour nous en occident mais serait à l’origine, selon certaines recherches de scientifiques Japonnais, de la fameuse longévité des haïjin (poètes de haïku) et de la «bonne santé» de leur cerveaux jusqu’à un age avancé.

Ainsi, je cherche à utiliser, quand cela a du sens, ces caractéristiques du haïku pour les mettre au service du soin et de l’accompagnement thérapeutique que je pratique en séance d’art-thérapie.

ATELIERS HAÏKU EN LIGNE DE SAISON

Pour chaque saison j’ai conçu un atelier haïku en ligne pour vous familiariser avec cette écriture poétique et leurs auteurs japonais classiques d’une façon ludique et créative.

Durant 30 jours, vous recevez chaque matin dans votre boite mail un exercice créatif stimulant pour écrire un haïku, en accord avec le moment présent. C’est un moment de création au quotidien pour profiter de la saison en cours tout en se plongeant dans cette tradition poétique du Japon.

Je vous guide à travers différents exercices pour stimuler l’écriture et la créativité avec ce type de poème et vous constaterez les bienfaits de cette pratique quotidienne.

Vous goutez le plaisir de prendre un moment pour vous, tous les jours, à l’heure qui vous convient, avec des consignes créatives et ressourçantes. Vous pourrez aussi connaitre plus profondément la poésie et la tradition Japonaise.

Chaque jour, vous aurez besoin de 30 minutes de temps, un petit carnet (ou un grand) pour écrire vos haïku, quelques stylos, crayons, feutres, pastels, ou votre matériel créatif préféré.

Atelier en ligne « haïku d’été », du 20 juin au 19 juillet : Haïku d’été

Atelier en ligne « haïku d’automne », du 22 septembre au 21 octobre: Haïku d’automne

Atelier en ligne « haïku d’hiver », du 22 décembre au 20 janvier : Haïku d’hiver

Atelier en ligne « haïku de printemps », du 20 mars au 18 avril : Haïku de printemps

Prix : 120 CHF pour 30 jours de création

ATELIER HAÏKU THÉMATIQUE EN LIGNE

21 jours, c’est le temps nécessaire à notre cerveau pour intégrer durablement ce qui est nouveau. Ainsi, je vous propose d’explorer chaque jour en haïku un aspect du thème annoncé et ce qui fait résonance pour vous. Le carnet de haïku devient alors journal de bord, livre intérieur, trésor de ressources infinies.

Avec les haïku et l’histoire de nombreux/ses haïjin japonais/es et différents exercices pour stimuler l’exploration et l’écriture, vous prenez un moment pour vous, tous les jours, à l’heure qui vous convient. Chaque matin, vous recevez un mail avec la consigne créative du jour, ainsi vous pouvez planifier votre moment créatif quand vous le désirez.

Atelier en ligne « Haïku, force et vulnérabilité » 

Prix : 160 CHF pour 21 jours de création et 2 rendez-vous de groupe par zoom (facultatif pour qui en ressent le besoin ou l’envie).

Témoignages

« L’atelier Haïku : Je vis avec bonheur cette expérience enrichissante, source de joie et de sérénité. Pour moi c’est, une rencontre avec une culture raffinée – une rencontre avec la bienveillance et la générosité de Coralie – une rencontre avec moi-même dans un espace créatif intérieur. Saisir cette possibilité offerte est un cadeau à se faire car il y a des trésors à découvrir. Avec beaucoup de reconnaissance ». Brigitte S

«Ouvrir chaque matin sa « boîte aux lettres » pour lire le message de Coralie. Retrouver ses jets d’encre et de mots : son haïku du jour ! Découvrir le haïku d’un maître, un haïjin du XVIIe ou une contemporaine, c’est selon. En apprendre un peu sur sa vie, un peu sur la culture japonaise. Repérer le Kigo, le mot clé du jour, ce tremplin pour sa propre production. Le mettre dans son sac à dos – peut-être qu’on ne l’utilisera pas, mais il est là. En se promenant ou en travaillant, suivre peu ou prou les consignes. Sortir ses crayons et ses couleurs, si l’on aime dessiner. Regarder les choses comme si on les voyait pour la première fois. Écrire ce qui vient, sans fioritures. Donner à voir, mais aussi à entendre. Donner à sentir et aussi à toucher. Et puis élaguer. En trois petites lignes, conserver l’essentiel. Prendre sa plus belle plume pour accrocher son haïku à la page d’un joli carnet. Et puis, de temps en temps, en faire une carte postale pour ceux qu’on aime…» Madeline D

« Grâce aux haïku j’ai découvert cette singulière poésie. Rapidement je me suis prise au jeu et me suis laissée portée par les mots. Cela m’a permis de me connaître un peu plus. L’exercice journalier m’a permis de m’évader de journée qui parfois étaient compliquées. Un grand merci à Coralie pour nous partager sa passion. » Pascale S

« Merci beaucoup pour ces beaux moments de haïku, si bien préparés. Cela a été pour moi 21 jours de rendez-vous, de plaisir, d’attente … cette semaine cela va me manquer. Quoi que peut être je vais composer spontanément par moi même, ou remarquer autour de moi les «haïku publicitaires» non soupçonnés jusqu’alors ». Valérie S

ATELIER HAÏKU à LA CARTE

J’organise ponctuellement des ateliers haïku en groupe à mon
atelier ou à l’extérieur, selon les demandes et les envies des personnes. Vous
pouvez me contacter si vous êtes un groupe , une école, ou une entreprise et je peux me déplacer.

Tarifs : 300CHF pour 2h (plus frais de déplacement si plus de 30 km de Vevey).

COMPOSER UN HAÏKU

Le haïku est un art japonais, une écriture poétique, pratiquée depuis les temps anciens et accessible à tous, à travers les générations. Le haïku est comme un «tweet» rythmique et poétique très court qui vise à se connecter et à partager avec d’autres.

Dans la culture japonaise, on attache beaucoup d’importance à la rencontre, il y a l’idiome célèbre 一期一会 (prononcé ichigo ichie), c’est-à-dire « une rencontre est une chance ». Ainsi, l’atelier haïku est un moment de rencontre créatrice.

Haïku en bref : Le haïku (俳句, haiku), terme créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902), est une forme poétique très codifiée et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Matsuo Bashō (1644-1694). Il s’agit d’un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses. Le haïku nécessite le détachement de l’auteur. Il traduit le plus souvent une émotion, un sentiment passager.

Même si Matsuo Bashō est connu pour créer ses haïku en voyage solitaire, le haïku est, en général, créé dans le cadre de groupes (Haïkai) qui se rencontrent régulièrement avec un(e) expert(e) qui fonctionne comme un(e) gérant(e) de cadre.

Car l’esprit du haïku est l’improvisation dans un cadre très codifié : un haïku japonais se compose de 17 sons (que l’on appelle «mores») divisé en 3 vers de 5/7/5 sons. Dans le haïku doit figurer un mot de saison, que l’on appelle «Kigo», qui est annoncé au début de la rencontre. Enfin, le temps de création est limité.

Ces contraintes poussent à chercher des solutions pour pouvoir s’y conformer, et paradoxalement, se conformer à ces contraintes mène à l’innovation littéraire. La contrainte engendre une plus grande liberté de langage et plus elle est sévère, plus elle est créatrice. Par conséquent, ce moment de partage amène souvent une grande surprise, entre l’énonciateur et le destinataire, les sons et les rythmes dessinent des images partagées entre eux. C’est une activité très sociale au Japon (Environ 2-3 millions de pratiquants).

Les règles du haïku : Ce poème comporte traditionnellement 17 sons, les« mores », en trois segments 5-7-5. Dans le haïku il y a une notion de saison, le « kigo », et peut comporter un mot ponctuation, le « kireji », qui est proche de la notion de césure.

Liste des kigo

Si le haïku n’indique ni saison ni moment particulier c’est un « haïku libre ».

En Japonais une césure peut donc se matérialiser par différents petits mots (kireji) qui expriment des émotions ou un mouvement : «ya » pour l’admiration, «kana » exprime une émotion, «keri » pour l’affirmation, etc. Ils facilitent la reprise ou réponse au haïku par quelqu’un d’autre. C’est un héritage du passé lorsque l’on composait des «Renka» c’est à dire une série de haïkus collectifs.

 

Exemples : Haïku avec le kigo (mot de saison) « hiver »

いくたびも雪の深さを尋ねけり正岡子規

ikutabi mo yuki no fukasa o tazunekeri

5 7 5

kigo = neige (« Yuki »)

Encore et encore

la profondeur de la neige

je voudrais connaître – Shiki Masaoka

 

笑わせて笑わされいて日向ぼこ平子公一

warawasete warawasare ite hinataboko

5 7 5

kigo = chauffant au soleil (hinataboko)

Chauffant au soleil,

je le fais rire

il me fait rire- Koichi Hirako

 

裸木のさわさりながら力満つ木村風師

hadakagi no sawasari nagara chikara mitsu

kigo = arbre sans feuillage (hadakagi)

Un arbre

même sans feuillage

reste vigoureux – Kazashi Kimura

 

犬が来て水飲む音の夜寒かな 正岡子規

inu ga kite mizu nomu oto no yozamu kana

kigo = une nuit froide (yozamu)

kireji = Kana

Une nuit froide

un chien boit de l’eau

son pénétrant – Shiki Masaoka

 

Haïku sans kigo (muki) :

分け入つても分け入つても青い山  種田山頭火

wake ittemo wake ittemo aoi yama

Profond,

plus profond encore

dans les montagnes bleues – Santoka Taneda

 

亡き母や海見る度(たび)に見る度に 小林一茶

naki haha ya umi miru tabi ni miru tabi ni

kireji = ya

Ma mère en allée

chaque fois que je vois la mer

chaque fois je la vois… – Issa Kobayashi

 

花売は一軒置て隣りなり  夏目漱石

hanauri wa ikken oite tonari nari

La petite fleuriste

c’est ma voisine

deux porte à côté – Soseki Natsume

 

Le haïku en Français (ou en d’autre langue)

Quand on compose un haïku en français, on compte les syllabes/pieds ; cependant, une syllabe française n’est pas un son, ce qui peut engendrer des poèmes irréguliers.

Les mots de ponctuation (kireji) sont typiques de la langue japonaise mais le haïku en français peut utiliser des mots exclamatifs : OH, AH…ou des signes de ponctuation : !, ?, …, -. On peut aussi essayer de créer un effet «surprise» ou «chute», avec le rythme de la phrase ou le sens des mots. Dans la césure il y a la notion de coupure, changement.

On peut inclure un mot saisonnier (qui inspire la saison actuelle). En haïku Japonais comme en français on est dans l’ici et maintenant, en lien avec la nature et la saison actuelle. Dans un même haïku, il faut essayer de ne pas mettre un autre mot qui évoquerait trop ouvertement une autre saison ou trop explicitement la même saison.

Par exemple :

Au cœur de l’hiver

mes mains et mes pieds gelés

pensent au printemps

(Printemps et hiver sont 2 mots de saisons différents, hiver et gelés sont 2 mots de saison d’hiver.)

Corrigé :

Au cœur de l’hiver

mes mains et mes pieds violets

rêvent des beaux jours

 

Si l’on veut rester dans l’esprit du haïku Japonais, on peut aussi essayer de ne pas mettre trop son propre « moi » et de le suggérer, voir de l’effacer. Le haïku devient une petite photo d’un instant et cette image visuelle peut être interprétée. Le ressenti ou l’intention de l’auteur sera deviné par les autres.

 

Par exemple :

Au cœur de l’hiver

mes mains et mes pieds violets

rêvent des beaux jours

(«mes», évoquent directement l’auteur)

Corrigé :

Au cœur de l’hiver

Imaginent des jours meilleurs

Mains et pieds violets

On peut mobiliser les atouts rythmiques et de rimes de la langue française (mais ce n’est pas obligé).

On peut essayer de compter exactement 5-7-5 syllabes, mais si cela ne tombe pas juste, être suffisamment bref et sur 3 lignes cela suffit.

 

En Français, la règle du « e caduc »

Le e final d’un mot est muet (ou s’élide) devant une voyelle.

Le e final d’un mot se prononce devant une consonne.

A l’intérieur d’un vers, le e final d’un mot, accompagné des marques du pluriel -s ou -nt, se prononce et donc compte toujours pour un pied, quoi qu’il précède.

Le « e » final d’un mot ne se prononce jamais lorsqu’il est placé en fin de vers et cela même s’il porte les marques du pluriel ou féminin.

 

Sou/ve/nir/ d’en/fance : le e final de enfance ne se prononce pas car il est en fin de vers

à/ l’om/bre/ du/ noi/se/tier : le e final de ombre se prononce car il est suivi d’une consonne

grand/-pè/re as/sou/pi : le e final de père s’élide car il est suivi d’une voyelle

 

Flam/me/ blon/de et/ nue : le e final de blonde s’élide, puisqu’il est suivi d’une voyelle

souf/flée/ par/ la/ cru/au/té

d’hom/mes/ af/fa/més : le e final de hommes se prononce parce qu’il a la marque du pluriel s

 

Sur/ le/ lac/ ge/lé

le/ ciel/ a/pai/sé/ pa/tauds

des/ ca/nards/ pa/tinent : le e en fin de vers ne se prononce pas

 

Bien sur, comme pour toutes les règles et dans tous les arts, elles sont aussi là pour être transgressées, mais le plaisir de la transgression ne saurait être si on ne les connaissait pas.

Donc sentez-vous libre de ne pas tout respecter si vous en avez envie !

 

Quelques haïku d’auteurs en Français :

L’eau de l’étang

jamais surprise

en flagrant délit – Eugène Guillevic

 

Je veux bien la voir,

son fiancé aussi,

mais pas ensemble – René Maublanc

 

Sur le patio

mêlé au bavardage de l’apéritif

le cri du bois pourri – Robert Melançon